8 MERDALOR ( EN FINIR ) J. Margueritte à la jeune dame : Enfin bref y a le Six-Sous qui s'amène. Il dit : « Quel bon vent qui t'amène vieux Jo ? » Louise m'a regardé en pouffant... Vers la salle : « J'ai pas besoin de vous expliquer, vous avez compris que c'est à cause de l'histoire du vent de tout à l'heure, avec la Louise... » « C'est pas le vent, je lui dit en rigolant, c'est rapport à la clôture du champs de ormes, pour savoir quel jour le José, le commis des Galois doit passer pour la réparer avant qu'on y mette les moutons. » Alors il dit : « D'accord mais je vois vraiment pas ce qu'il y a d'drôle à ça? » Et puis il dit : « Par contre si tu tiens vraiment à rire, tu vas avoir une bonne occasion. Je vais te raconter une histoire drôle que je suis le seul à connaître avec la Louise et aussi ton copain Cyrano le coiffeur, même que c'est lui qui me l'a racontée. » Il me dit : « Tu connais le fils Deveaut ? » Je lui dis oui. Alors il me re-raconte l'histoire du fils Deveaut. La même histoire que la Louise m'avait fait promettre de pas lui dire qu'elle me l'avait déjà racontée. » La jeune femmeà Magui : « Et vous avez dû vous forcer à rire.» — Justement, justement , justement non. Vous me croirez si vous voulez, elle prend pas bien beaucoup de temps à raconter comme histoire, mais elle m'a refait re-rire à nouveau comme si c'était la première fois que j'l'aurais entendue. J'ai pas eu besoin de m'forcer. Alors il me dit : « Je t'avais prévenu que t'allais rire. Mais bon c'est pas tout, tu m'excuseras... il dit, il faut que je repasse à la coopé chercher des pierres à sel vitaminées, tu sais les vertes, il y en a plus dans les écuries des vaches. Et il dit, excuse-moi si je suis passé en coup de vent » Il a pas dû comprendre pourquoi la Louise et moi on s'est remis à re-rigoler quand il a dit ça... Je vois que j'ai pas besoin de vous expliquer, vous avez encore compris, mais lui il pouvait pas comprendre. Quand il est parti, sauf votre respect je me suis dit : Merd'alors. ! Merd'alors j'ai oublié de lui redemander la question rapport à la clôture du champs de ormes, pour savoir quel jour le José, le commis des Galois doit passer pour la réparer avant qu'on y mette les moutons. Cette histoire du fils Deveaut m'avait emberlificoté la cervelle. Alors la Louise et moi on est reparti pour un petit fond d'culotte. « Le dernier, elle me dit, sinon tu va rater ton car. » La jeune femme : « Et vous avez quand même raté votre car, bonjour. — Oui. Et c'est vraiment aimable de m'avoir pris en stop... J Margueritte vers la salle : « Enfin bref il faut que je vous en finisse. Avec la jeune dame on était presque rendu à destination, lorsque j'en viens, in esstrémisse, à lui raconter l'histoire du fils Deveau proprement dite. Peut-être j'aurais dû attendre qu'elle ai arrêtée la voiture. Je pensais pas que ça lui aurait fait l'effet que ça lui a fait. Heureusement la voiture a pas eu trop de bobo. Elle était pliée, pas la voiture, enfin la voiture un peu aussi, faut être honnête, mais la jeune dame, pliée, pliée de rire, mais pliée quand même. C'est comme l'autre jour y a Maître Edmond le notaire, Maître Edmond qui me dit : « Dites donc vous, vous en savez une bien belle d'histoire à propos du Général de Gaulle et puis de... de l'alcool... Il dit, j'étais chez mon collègue Maître Raffout, et il y avait quelqu'un qui a voulu nous la raconter mais il a pas su la dire comme il faut. Il a dit : “ C'est Monsieur Margueritte qui me l'a racontée, on prend souvent un verre ensemble chez Lucien Dambard au bar de l'Union sur la place de l'église.” Maître Edmond voulait la réentendre racontée par moi. L'histoire du Général de Gaulle vous la connaissez peut- être... C'est : “ Quelle est la différence entre le vieil Armagnac et le vieux Général de Gaulle... ? ” Y en a pas... c'est tous les deux des vieillards maniaques. Je la lui ai racontée comme ça. M'a dit : « Monsieur Margueritte, racontée par vous c'est autrement plus drôle, maintenant je comprends mieux. » C'est vrai que une histoire drôle, si vous savez pas bien la raconter, vous vous dites après que vous auriez mieux fait d'avaler votre langue. C'était pour dire qu'une histoire, il faut quand même prendre le temps de la raconter bien, sinon c'est pas la peine. Pareil pour celle du fils Deveaut...