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MERDALOR
( TOUTATOUT )
J Margueritte vers la salle :
Depuis que je suis sorti d'l'hôpital, c'est depuis ce temps que
je beurre plus jamais mes biscottes le matin au petit
déjeuner.
J'y beurre plus jamais.
La seule différence, à la place du café, moi maintenant je
prend de la Ricoré 40 % café 60 % chicorée avec du lait
mais ça revient pareil.
À la jeune femme :
Depuis que je suis sorti d'l'hôpital, je beurre plus jamais mes
biscottes le matin au petit déjeuner. Vous devrier y essayer.
Et puis maintenant, lorsque je suis pressé, c'est souventes
fois, quand'te après que j'ai mis mon beurre dans mon bol de
Ricorée, que je me dis : “ Et puis zut ! ” je brise mes
biscottes, le morceau de beurre le tout dans le bol et hop !
envoyé, je me casse pas la tête.
la jeune dame à Margueritte :
« Il me dit que ça se serait mélangé de toute façon dans
l'estomac après...»
J Margueritte à la jeune femme :
«Vous croyez pas... ?
Enfin bref... Après qu'on se soit quittés hier, j'ai d'abord été
remiser tondeuse.
Elle a jamais couché dehors !
C'est pas pour me jeter des fleurs, mais on peut dire
beaucoup de chose sur mon compte, Magui a une grande
gueule, Vieux Jo a un caractère de cochon, tout ce que vous
voulez, mais il y a une chose qu'on peu pas dire de moi,
c'est qu’il ne prends pas soin de ses outils et de Tondeuse
en particulier.
J’ai été remiser Tondeuse et je suis allé voir le José... le
commis des Gallois... José le commis des Gallois ! Vous
savez, rapport à la clôture du champs des ormes pour lui
demander quel jour il doit passer pour réparer la clôture du
champs des ormes avant qu'on y mette les moutons...
Enfin bref pour vous en finir, après que je sois passé chez le
José pour lui dire... pour lui dire... ce que j’avais à lui dire…
La jeune femme à Magui :
Rapport à la clôture du champs de ormes avant qu’on y
mette les moutons ?
J Margueritte, en riant, à la jeune femme :
« Là je vois bien que vous êtes en train de me faites
marcher... Vous n’avez pas tord. Je vous en veux pas.
Bref, après que je sois passé chez le José pour… enfin bref
j’ai fais un détour par je Bar de l'Union sur la place de l'église
et c’est là que je suis tombé dans l’embuscade que je vous
ai dit.
Je voulais pas me coucher tard, mais au café j'ai retrouvé
mon pote Lucien, Lucien Dambard le tôlier qu'était avec
Louison, mon vieux copain qui m'a cédé du fourrage pour
des pommes de terre, et puis Cyrano, mon pote coiffeur.»
« Allez Vieux Jo ! Y a personne qui t'attend... ? Alors viens
avec nous on va s'en faire une petite. »
Une belote.
Ah ! j'ai dis, une “tout atout sans atout” d'accord ! mais j'ai
dis, la simple non.
Y a pas grand monde qui la connaisse la “tout atout sans
atout” et bon Dieu ! ça m'étonne pourtant qui y a pas... pas
pas plus d'monde que ça qui la connaisse... la “tout atout
sans atout”...
Enfin il faut pas qu'je fasse mon malin moi parc'que, c'est
d'accord, je savais jouer à la belote avant, au tout début
quand'te j'suis arrivé à Gil sur la Trente chez les De la Tuile,
le Général De la Tuille...
On dit : “ Oui mon Général ” et on dit : “ Oui Madame la
Générale ”... pas l'inverse.
En tout cas c'est bien chez Bondiou au Bar de l'arrêt du car
que j'ai appris la “ tout atout sans atout ”.
Ah ! j'aime ça la belote, la “tout atout sans atout”.
Y a aussi la belote coinchée que j'aime bien aussi.
Pas la simple ! La simple c'est rengaine et puis on marque
pas d'point tandis s'que là, la... la “tout atout sans atout”... la
“tout atout sans atout” déjà si vous avez les 4 valets en main
ça fait 400 points ça compte.»
— Vous jouez de l'argent ?
— On joue les tournées, on joue pas d'argent. Lorsque je
travaillais au château de Castelbrandy oui.
Oui à Castelbrandy on jouait d'l'argent, on on... on jouait un
sou, un sou du point. C'est pas gros un sou du point. Mais
10 sous ça faisait quand même 50 centimes. Alors 400
points... ça commençait déjà à chiffrer.
On joue pas d'argent. Le Lucien Dambard, le tôlier, serait
pas contre, ni même son père qui vient encore donner un
coup de main le dimanche, mais comme celui qui a toujours
porté la culotte ça a jamais été le pauvre vieux père
Dambard mais sa femme... la vieille Mère Martine comme on
l'appelle, et qu'elle veux pas qu'on joue de l'argent...
C'est drôle, le père Dambard, le Père Dambard on n’est pas
obligé de mettre son prénom au milieu, on dit pas “ le Père
Lucien Dambard ” tandis-s'que pour sa femme on est obligé
de dire “ la Mère Martine Dambard ”, mais on peut pas dire...
vous voyez ce que je veux dire... qu'on peux pas dire... ?
Là vous me faites encore marcher...! Enlevez le prénom à “la
Mère Martine Dambard” et vous verrez... À vous de
chercher...
”La Mère Dambard ” ça y est vous avez quand même réussi
à me faire dire ce que je voulais pas dire !